mardi 30 mai 2017

"SOUS LES FEUILLES" DE CHRISTIAN DEGOUTTE



Christian Degoutte

Entretien sur le bruit du monde
(Sur « Sous les feuilles »)

par Miloud Keddar

Sous les feuilles, le bruit du monde et de l’été qui s’en est allé. « On va se perdre … dans l’immensité du froid » dit Christian Degoutte. Ce froid, est-ce celui « de la nudité (des) bras de (l’aimée) » ou est-ce de « ne pas se séparer/de la nuée du monde » ? Degoutte qui « ne peut rien pour » elle, la nomme « ma nuit clandestine ». Je suis pour une poésie qui tente de saisir l’autre avant qu’il ne trébuche et tombe ! Et « Il se cherche des mains/pour jaillir au-dessus » écrit Christian Degoutte. J’ai dit ailleurs qu’il y a souffrance dans un corps qui s’offre. J’ajoute ici qu’il faut qu’il y ait confiance chez celui qui s’offre. Il y a confiance en le Tu dans le « ose-moi » de Christian. Le monde trébuche en avançant masqué, pourrait-on dire à la lecture des pages 11, 12 et 13 de « Sous les feuilles ». Il y a le jour désiré et la nuit que constate Degoutte. Juste l’espace du désir ! de ce qui suffit pour passer de la nuit au jour. Christian en appelle « aux vivants », il sait que la poésie est cela et cela le devoir du poète ! Le livre « Sous les feuilles » est un brillant hommage à l’Humanisme. Celui qui bien que « nu » reste habillé de feuillages, « d’un lac de feuillages », et le poète ? Le poète un ouvrier crasseux : « le travail d’aimer/quand on court dans la rue/chercher le pain de midi/vite est-ce qu’on voit/quels ouvriers crasseux/ça fait de nous » écrit Christian Degoutte et qui alors vient à nous convaincre.

Christian Degoutte : Sous les feuilles. P.i.sage intérieur, 2013



lundi 29 mai 2017

LIRE ALAIN WEXLER

Murielle Compère-Demarcy propose une lecture d'Echelles d'Alain Wexler sur le site de la Cause littéraire. Nous en reproduisons un extrait ci-dessous.



"Ce recueil d’Alain Wexler, poète et aussi revuiste dirigeant Verso, s’inscrit à point dans la ligne des Éditions Henry qui nous ont habitués à la publication de textes poétiques remarquables par leur belle tenue et leur originalité.
D’une cohérence d’un bout à l’autre, déployant dans le corps et les mouvements du poème une configuration rappelant la marche graduée de l’échelle, cet opus construit subtilement nous offre une mise en scène de nos existences quotidiennes, jouées par degrés, où la fourche de l’arbre prête de tomber est aussi prête de s’envoler ; où la traversée de l’ombre côtoie celle du Large ; où oscillent nos existences tentées par la chute, appelées par les cimes ; au pied du mur, en haut de l’échelle… De la géométrie à la métaphysique, tous les degrés de l’existentiel peuvent, avec poésie, être gravis…

« Quand l’homme ne trouve pas de fruits dans l’arbre,
Il les cueille sur l’échelle,
L’homme étreint l’échelle au pied du mur
Où battent la mer, la source et les arbres.
L’homme monte entre les branches
À la poursuite de la musique,
Puis l’échelle pousse la fenêtre,
La musique s’élève par degrés
L’homme déniche l’oiseau
Avec l’œuf de la source
L’homme saisit l’œuf entre les dents
Et redescend »."

https://www.lacauselitteraire.fr/echelles-alain-wexler 

Alain Wexler : Echelles. Editions Henry, 2009

mardi 23 mai 2017

UN POÈME DE LINE SZÖLLÖSI

Le viaduc

Le viaduc multiplie le ciel à travers ses arcs
avance de son pas de pierres
dans ses jambages la mer mène ses brebis à paître
tourné vers le large, il brode l'horizon
un voilier circule de travée en travée
signale d'écume son point de fuite
un liseron de silence, clairière renouvelée

et quand la nef aura nagé de case en case
jusqu'à sortir du cadre
de la pierre et de la mer l'embrassement
sciences et techniques, pleins et déliés
cet alphabet dira peut-être l'énigme
de ce voyage immobile
là, précis, devant l'immensité.

(Verso n°169)

lundi 22 mai 2017

TEMPS D'ICI ET DE LÀ-BAS de Geneviève Raphanël

Valérie Canat de Chizy a recensé le livre de Geneviève Raphanël (invitée de la lecture du 19 mai 2017), sur le site Terre à ciel.

Nous reproduisons sa chronique ci-dessous :

Geneviève Raphanël, Temps d’ici et de là-bas. Rougerie, 2016
 
Geneviève Raphanël nous offre un recueil à la lenteur envoûtante. L’écriture avance au rythme de la marche du cheval, du tintement du grelot, du regard porté sur le paysage. Un paysage en demi-teintes, noir, gris, blanc, comme les photos d’autrefois. Le temps de là-bas n’est pas un temps de couleurs et de joie, mais est le temps d’antan, aux âmes grises. Il y a l’absence, les regrets, ceux qui ne sont plus. Il y a la guerre, peut-être celle de 14-18, les soldats, les morts. Geneviève Raphanël évoque un temps révolu, où l’on entendait le roulement des charrettes, où existaient encore des métiers comme celui de chiffonnier. Si l’ombre plane sur le recueil, il n’en demeure pas moins que celui-ci diffuse une douceur apaisante. Ici, le mouvement est bercement ; ni cris, ni agitation, mais frémissement, tintement. Nous sommes en présence d’infimes manifestations de la vie, une vie en pointillés, celle de la campagne, dans laquelle se manifeste juste ce qui est, dans la nature et le vivant.

À l’entour
des oiseaux taisent
leur rire
bosquets clairsemés
nuages aux guenilles
tremblotantes


Ainsi, on n’attend rien / Du linge sèche sur la corde.
La joie émerge du temps d’ici, celui de l’instant, quand volent / papillons et pétales / blancs. Mais ce temps d’ici n’est-il pas encore celui d’autrefois, revisité ? Ainsi, les temps se superposent, le présent revêt les parures du souvenir. Le souvenir, qui émerge parfois distinctement, comme à la fin du recueil, quand la poète se souvient d’elle, petite.

Un lit blanc. Les montants ont des boules de cuivre qui luisent à la lueur du feu. Lit d’enfant qui dure, qui est passé de chambre en chambre, qui a traversé le temps, on dirait.
Boules de neige, boules de feu, boules de cuivre qui étincellent à la clarté des flammes.
Je m’agrippe aux barreaux. Je veux voir la neige tomber.
[…]
On cherche le plus vieux souvenir.


https://www.terreaciel.net/Lu-et-approuve-janvier-2017#.WSLA3W6kIdV

LECTURE VERSO DU 19 MAI 2017

La lecture Verso du 19 mai 2017, présentée par Alain Wexler, a réuni Isabelle Poncet-Rimaud, Geneviève Raphanël et Carole Dailly.


Alain Wexler présente la soirée


 Isabelle Poncet-Rimaud


Geneviève Raphanël, accompagnée à la guitare par Xavier Lassablière
 

Carole Dailly

Crédit photo : Josette Vial

VERSO N°169 : GOUFFRES


Au sommaire de ce numéro
Patrick Beaucamps, Marc Bonetto, Julien Boutreux, Ferruccio Brugnaro, Roger Carbonnier, Antoine Carrot, Stéphane Casenobe, Marie-Philippe Deloche, Muriel Compère-Demarcy, Colette Daviles-Estinès, Sandrine Davin, Michel Gendarme, Marc Gratas, Alain Guillard, Miloud Keddar, Jean-Luc Lamouille, Michel L'hostis, Lodi, Arnaud Martin, Olivier Millot, Jean Monnet, Ivan de Montbrison, Marianic & Jean-Pierre Parra, Grégory Parreira, Jean-Paul Prévost, Marc Rébéna, Christine de Rosay, Basile Rouchin, Eric Savina, Sébastien, William Shakespeare, Line Szöllösi, Jacques Vincent.

Chronique de Thésée sur Bernard Noël
En salade par Christian Degoutte
Le cinéma par Jacques Sicard 
Chronique artistique de Miloud Keddar
Notes de lecture de Jean-Christophe Ribeyre, Valérie Canat de Chizy, Alain Wexler